Pour cette 4e édition des Rencontres de Port Laf’, nous accueillons dans les locaux de Finistère Mer Vent Vincent Riou, navigateur professionnel et Gaëtan Gouerou, co-fondateur des chantier CDK Technologies avec Hubert Desjoyeaux et Jean Le Cam, délégué général de la classe IMOCA pendant près de 10 ans et président de la société BSB Marine, qui développe une technologie appelée Oscar.
Le Vendée Globe et Vincent Riou : une histoire de passion
Vincent Riou, vainqueur du Vendée Globe 2004-2005 sur le voilier PRB, a participé à 4 campagnes de Vendée Globe au total. Pour lui, c’est l’histoire d’une vie puisqu’il aura consacré plus de 16 ans à cette mythique course autour du monde. Pour cette dernière édition, il a accompagné deux skippers dans leurs projet Vendée Globe : Sébastien Simon, avec un projet tourné autour des notions de transmission et de partage, et Kévin Escoffier, avec un accompagnement sur le volet plus technique de la part des équipes de Vincent Riou (dans la continuité de son propre projet avec le même sponsor : PRB). L’idée de cet accompagnement était de continuer à animer l’équipe qui suivait Vincent Riou pendant ces années et faire profiter d’autres marins de l’expérience acquise autour de ces bateaux & des grandes courses en solitaire.
Une technologie anticollision
Gaëtan Gouerou, quant à lui, a tiré ses premiers bords sur le bateau familial de Jean Le Cam. Faisant partie des quelques personnes à l’origine de Port-la-Forêt, il créé le chantier CDK Composites (aujourd’hui CDK Technologies) dans les années 80 avec ses deux amis Hubert Desjoyaux et Jean Le Cam. Il est aujourd’hui président de la société BSB Marine, qui développe et commercialise une technologie du nom d’Oscar, permettant de détecter les OFNI (Objets Flottants Non Identifiés) pour réduire le risque de collision en mer. Ce dispositif s’appuie sur la vision artificielle, une branque de l’intelligence artificielle. Installée sur 18 des 33 bateaux au départ du dernier Vendée Globe, la technologie Oscar a été imaginée et conçue pour répondre à un besoin d’éviter les collisions en mer de plus en plus fréquentes. Les collisions en mer sont un réel problème car elles représentent le facteur limitant le plus important par rapport aux retombées de la course, entièrement lié au hasard (Vincent Riou a dû abandonner ses deux derniers Vendée Globe à la suite d’une collision avec un OFNI, notamment en 2016, ndlr). Là aussi, le Vendée Globe se positionne comme un véritable laboratoire pour améliorer et optimiser cette technologie. En effet, la récupération et le traitement des données obtenues sur le Vendée Globe va permettre de rendre le système plus « intelligent ». Ce système est destiné à se diversifier sur le secteur de la plaisance, pour permettre un confort supplémentaire, ainsi que sur d’autres secteurs maritimes qui nécessitent de faire de la veille.
Avarie de Kevin Escoffier : quel regard sur les innovations de ce Vendée Globe ?
Le sauvetage de Kévin Escoffier a été sans aucun doute le fait le plus marquant de ce dernier Vendée Globe. D’après Vincent Riou, il va aussi nous permettre de comprendre certaines choses, notamment dans la conception et la construction d’un tel bateau de course. Au début de la chaîne de construction d’un bateau de course, il y a notamment les architectes et bureaux d’études. Pour éviter de genre d’accident, il faudra avoir une réflexion collective sur le rajout de normes de construction sur les bateaux pour garantir une fiabilité qui permettra de mettre le marin entièrement en sécurité. La 1e mission de la classe IMOCA est d’apporter cette sécurité aux marins. La classe permet notamment aux architectes d’échanger et de partager. Ainsi, il s’agit de progresser dans un cadre qu’on essaie de ne pas révolutionner. Ce Vendée Globe nous aura fait rêver avec ces innovations extraordinaires : premiers monocoques volants autour du monde. Malheureusement, la préparation des skippers modifiée à cause de la crise sanitaire, et les mauvaises conditions météo n’auront pas permis à ces foilers de montrer leur plein potentiel. C’est le point de départ d’une nouvelle aventure plus aérienne, avec ces foils qui promettent des bateaux et des régates spectaculaires.
[C’est en parallèle du départ de la course du Vendée Globe en novembre 2020 que sont nées « Les Rencontres de Port Laf’ », un nouvel événement de l’économie maritime nautique proposé par Finistère Mer Vent. Ces rencontres mensuelles visent à échanger avec les acteurs de l’économie maritime autour des savoir-faire et innovations des secteurs nautiques et de course au large.
Animés par la journaliste spécialisée Virginie Valentini, avec la contribution de l’agence de communication Velacom, les cinq premiers plateaux ont été organisés autour de deux axes principaux : un temps d’interprétation de la course du Vendée Globe et, à cette occasion, la mise en exergue de l’expertise des membres du collectif Finistère Mer Vent.
Plus largement, les Rencontres de Port-La-F’ sont un temps d’échanges et de partages autour des savoir-faire et des innovations portés par les acteurs des filières nautiques. Aujourd’hui, Finistère Mer Vent, société coopérative d’intérêt collectif, construite sur modèle hybride public-privé, rassemble près de 70 membres sociétaires (entreprises, associations, navigateurs).]